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InSight : Écouter battre

le coeur de Mars

AUTEUR DE L'ARTICLE

 

 

    Depuis son atterrissage sur Mars le 26 novembre 2018 à bord de la sonde InSight, le sismomètre SEIS est opéré tous les jours depuis le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES), l’Agence Spatiale Française, à Toulouse. Le centre de mission, appelé le SISMOC, est en lien direct et permanent avec le centre de contrôle de la NASA à Pasadena, en Californie.

 

   C’est le Jet Propulsion Laboratory, centre de la NASA dédié à l’exploration de l’Univers, qui pilote la mission et qui distribue les données reçues de Mars aux centres de mission des instruments comme le SISMOC pour SEIS. La mission compte également un instrument allemand, un pénétrateur appelé HP3 dont la sonde de température doit s’enfoncer à 5m de profondeur.

RESPONSABLE DES OPERATIONS SEIS POUR LA MISSION INSIGHT

 

 

 

Afin d'étudier la structure interne de la planète rouge, Insight est 

équipé du sismomètre SEIS. Son objectif : réceptionner et analyser les séismes

 

 

 

 

 

 

Raphaël Garcia, chercheur à l'institut supérieur de l'aéronautique et

de l'espace (ISAE), nous explique son fonctionnement

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   Le défi principal d’opérer des instruments ou des robots sur Mars est l’impossibilité technique de communiquer en temps réel avec eux, ou alors à débit extrêmement réduit, non compatible avec les besoins de la mission de rapatrier des données volumineuses comme des images ou des données sismiques. Impossible d’effectuer des visioconférences en temps réel comme dans le film « Seul sur Mars » par exemple. Pour permettre un débit suffisant, les ingénieurs sur Terre doivent communiquer avec les robots en surface en passant par des satellites relais en orbite autour de Mars, qui se comptent sur les doigts d’une main. Pour cela il est nécessaire que le satellite soit en visibilité, c’est-à-dire passe au-dessus du robot sur Mars, ce qui ne se produit que deux à trois fois par jour. Les communications sont donc asynchrones et cela complique fortement les opérations. Les équipes opérationnelles doivent se coordonner avec les équipes scientifiques pour établir un plan d’activité, hebdomadaire pour une mission comme InSight (depuis 2018), et quotidien pour une mission comme Curiosity (depuis 2012).

 

   En début de semaine ou de journée, le robot reçoit son programme pour toute la journée ou semaine à venir, et exécute les différentes tâches comprises dans son programme (pilotage d’instrument, prise d’image, déplacement, envoi de données vers la Terre). Il n’y a pas de joystick qui permet de piloter un rover ou un instrument en temps réel à distance depuis la Terre. Tout est au contraire simulé, répété, validé sur Terre en amont. Aucune commande qui n’ait été complètement validée sur Terre ne part vers Mars, et le processus de validation est très rigoureux, car les ingénieurs n’ont pas le droit à l’erreur. Tout cela dans un contexte de coopération internationale, avec de nombreux fuseaux horaires et langues différentes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   Il peut arriver qu’un envoi de commande vers Mars échoue pour des raisons techniques ou autres. Il faut alors attendre la prochaine opportunité de communication, qui peut être quelques heures ou quelques jours plus tard. Un robot sur Mars ne se formalise pas de ne pas recevoir de commandes de la Terre. Mais qu'en est-il d’un astronaute à la surface de la planète rouge ? S’il s’attend à recevoir des instructions et qu’il ne voit rien venir à l’heure du rendez-vous, dans quel état d’esprit cela le plonge-t’il ? De même si aucune nouvelle d’un robot ou d’un futur astronaute n’est reçue sur Terre en temps voulu, qu’en conclure ? Un problème technique sur Terre, par exemple avec l’antenne de réception ? Un problème avec le satellite relais ? Un problème sur Mars ? Cette investigation peut prendre du temps et est également source de stress pour les opérateurs sur Terre. A-t'on mal reçu un message ou n’a-t’il simplement pas été envoyé ? 

 

 

   Ainsi on peut imaginer qu’une exploration humaine de Mars passera par une base en orbite habitée par des astronautes, afin de rajouter un maillon « humain » dans la chaîne de communication, et de limiter la solitude des explorateurs en surface. Les besoins en bande passante sont très importants pour une mission comme InSight, car le sismomètre SEIS génère environ 1Gbit de données sismiques par jour, alors que les satellites relais ne permettent d’en rapatrier que 20% en moyenne. Certaines données ne sont ainsi jamais reçues sur Terre. Mais il s’agit de données scientifiques. Il faudra dans le futur bien évaluer les priorités entre les données scientifiques et les données dédiées au bien-être des astronautes, comme les messages vidéo des familles ou autre, alors que cette limitation de débit est beaucoup moins présente actuellement pour les astronautes à bord de l’ISS. 

 


 

 

 

 

   L’objectif d’InSight est de mieux comprendre de quoi est composé l’intérieur de la planète Mars : quelle est la composition de son noyau, de son manteau, leur taille relative. Ceci afin de mieux comprendre la formation de la planète Mars, son évolution, sa taille relativement petite par rapport à la Terre ou Vénus, et ainsi de pouvoir comparer avec ce que l’on sait de la Terre et mieux appréhender les mécanismes qui ont amené à la création de cette dernière et des planètes telluriques en général. Il est indispensable de répondre à ces questions avant d’appréhender une exploration habitée de la planète.

 

   Quel est la météorologie en surface ? Le champ magnétique est-il stable ? Important ? Quelle est l’impact des tourbillons de poussière sur les instruments ? A quel niveau de radiation seront soumis les astronautes ? Quels effets ont les tempêtes de poussières globales, qui peuvent durer plusieurs mois et recouvrir toute la planète, sur l’opacité optique de l’atmosphère martienne, et ainsi l’accès à l’énergie du soleil pour les panneaux solaires ? Est-il nécessaire de disposer d’une source radioactive d’énergie comme celle dont bénéficie le robot Curiosity depuis 2012 avec ses RTG au plutonium?

 

   Toutes les missions en cours ou futures (2 rovers américains et chinois prévus en 2020, un rover européen prévu en 2022) permettent entre autre de répondre à ces questions, et d’aller bien souvent au-delà des considérations purement scientifiques.

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InSight Lander in Mars-Surface Configuration.

Composition de la sonde InSight.

Tous nos articles ont été écrits en collaboration avec des chercheurs et scientifiques.

 

     À quoi la sonde va-t-elle servir ?

    Se poser sur Mars pour mieux comprendre

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Un continent se cache-t-il

sous la surface de Mars ? 

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Asynchrones

 

Qui ne s'effectue pas dans un même rythme/temps.

 Tellurique

 

Planètes principalement composées de roches et de métaux, avec une densité relativement élevée, une rotation lente et une surface solide.